Une percée de pion est un sacrifice de pion qui peut avoir plusieurs objectifs. Les percées de pions sont souvent des moments critiques dans une partie, c’est-à-dire des moments où la nature de la partie peut changer et des chances apparaître pour l’un ou l’autre des joueurs (et parfois pour les deux).
Dans cet article, nous allons voir successivement:
comment percer au centre de l’échiquier
comment ouvrir une colonne pour menacer la Dame adverse
des percées de pions en e6
des percées de pions pour affaiblir le roque adverse
des percées de pions sur la colonne f
et enfin des exemples de percées de pions en finale
Percer au centre de l’échiquier
La position suivante est tiré de la partie Pamela Alarcon – Aydan Hojjatova, jouée lors de la première ronde des Olympiades 2016. Les Blancs ont un pion isolé en d4 qui est attaqué et protégé trois fois. Les Noirs vont profiter du clouage de ce pion sur la colonne d pour l’attaquer une quatrième fois:
Toujours lors de cette première ronde des Olympiades 2016, la partie jouée entre Narmin Kazimova et Maria Moraga nous offre un autre exemple d’une percée de pion:
La position suivante est tirée de la partie jouée entre Fabiano Caruana et Wesley So lors de la première ronde du tournoi des candidats 2018. Dans cet exemple ce sont deux percées de pions sur la colonne e qui décident de la partie.
L’exemple suivant est tiré de la partie jouée entre Mathilde Congiu et Constance Mbatha lors de la première ronde des Olympiades 2016:
Les Blancs ont une Tour en prise, mais ils décidèrent de parer cette attaque par la contre-attaque 18.d6. Ce coup de pion a plusieurs conséquences:
Il attaque la Dame noire et le pion en c7
Il ouvre la diagonale b3-g8
Il libère la case d5 pour le Cavalier
La partie se termina rapidement:
Ouvrir une colonne pour menacer la Dame adverse
Dans la partie jouée entre Vladimir Kramnik et Veselin Topalov au tournoi de Londres 2016, les Blancs profitent du vis-à-vis entre leur Tour et la Dame noire:
Comparez dans cette position ce que font les pièces blanches et ce que font les pièces noires:
attaquer ou affaiblir le pion f7, l’un des défenseurs du petit roque. Lorsque le pion f7 prend le pion en e6, la case g6, la 7e rangée ou la diagonale h5-e8 se retrouvent affaiblis
libérer la case e5, peut-être pour le Cavalier en f3
permettre à une Tour de venir en d7
Les deux exemples suivants sont tirés de parties jouées toutes les deux lors de la 5e ronde des Olympiades 2016, l’une par l’actuel champion du monde, Magnus Carlsen, et l’autre par Sergey Karjakin. Par coïncidence, les coups e6 ont été joués au 36e coup dans les deux parties !
Commençons par la partie Sergey Karjakin – Bassem Amin:
Dans cette position, le coup 36.e6 a plusieurs conséquences: il menace d’avancer en e7 et d’attaquer le Fou noir qui est cloué, il menace de prendre en f7, il libère la case e5 pour le Cavalier des Blancs. Voici la suite de la partie:
Le deuxième exemple est tiré de la partie Magnus Carlsen – Luc Winants:
La poussée 36.e6 attaque aussi le pion en f7 et menace d’avancer le pion en e7. Voici la fin de la partie:
L’exemple suivant est tiré de la partie Murray Chandler – Helgi Olafsson, Hastings 1991. Dans cet exemple, la poussée du pion e e6 est renforcée par la présence du Fou en c4.
La position suivante est tirée de la partie jouée entre Nigel Short et Hannes Stefansson à Reykjavik en 2002:
Les Blancs dominent la colonne f, mais leur pion en e5 est attaqué. C’est pourtant ce pion qui décide de la partie:
Dans l’exemple suivant, tiré de la partie Denis Frolov – Ilija Kuprijanov, St Petersbourg 2000, la poussée du pion a une vocation tactique immédiate:
Des percées de pions pour affaiblir le roque adverse
Dans l’exemple suivant, tiré de la partie Dana Reizniece-Ozola – Yifan Hou jouée lors de la 4e ronde des Olympiades 2016, le sacrifice du pion va affaiblir le roque adverse et libérer le case h4:
Les Blancs ont l’avantage grâce à la faiblesse du pion en e6 et à leur avantage d’espace à l’aile Roi. Voici la suite de la partie (cliquez sur les coups pour suivre la partie):
Des percées de pions sur la colonne f
Voici deux exemples de percées de pions sur la colonne f.
Le premier exemple est tiré de la partie jouée lors de l’open de Foxwoods, aux Etats-Unis, en l’an 2000 entre Anna Hahn et Raymond Kaufman:
Le deuxième exemple est tiré de la partie Rudolf Pitschak – Salomon Flohr, Liebwerda 1934:
Les percées de pions en finale
Les percées de pions peuvent être particulièrement importantes (et parfois décisives) en finale.
Voici un premier exemple:
Cette position est tirée de la partie Romain Edouard – Matthieu Cornette jouée lors de la première ronde du championnat de France 2016. Le futur champion de France joua 47…h4.
Les Blancs ne peuvent pas jouer 48.gxh4 à cause de 48…Ta3+ qui gagne le Fou. Les Noirs pourront donc jouer 48…h3 au coup suivant pour obtenir un pion passé décisif.
Le même coup est décisif dans l’exemple suivant, tiré de la partie Monica Espinosa Cancino – Olga Girya jouée lors de la première ronde des Olympiades 2016.
La partie Vasily Smyslov – Salomon Flohr jouée lors du championnat d’URSS en 1949 illustre l’intérêt que peut avoir une percée de pion lorsque deux Tours peuvent collaborer pour créer des menaces sur le Roi adverse:
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